Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/70

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conseille, quand vous viendrez à Paris, de ne pas prendre l’omnibus de Saint-Brieuc à Dinan. Oh ! la maudite voiture ! On y est fort incommodément, et, pour comble de malheur, nous avons pensé verser en route dans une montée fort longue. Les chevaux n’auraient pas avancé pour un coup de canon, et voilà un d’entre eux qui trouve plus commode de s étendre par terre. Du reste, nous en fûmes quittes pour la peur, et pour descendre de voiture. J’ai vu, à Dinan, ma tante Moullec et Armand, qui m’ont fait un accueil très bienveillant. Ma tante est bien logée et semble assez bien. Après avoir admiré les environs pittoresques et charmants de Dinan, nous nous sommes embarqués sur le bateau à vapeur et nous avons remonté la Rance, dont les bords sont si agréables, par le contraste des deux rives, dont l’une est parfaitement cultivée, et l’autre a l’aspect le plus sauvage et le plus négligé. Toute cette côte est beaucoup plus mouvante que notre pays de Tréguier, si mort et si peu mouvant. Partout ce sont des chantiers, des bateaux que l’on remorque, des bois que l’on fait