Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/110

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pas, et tout ce que j’ai y est complètement inutile. D’ailleurs mes goûts y répugnent. Je ne suis pas né pour des fadaises et des niaiseries, et j’ai cru remarquer que ce monde, puisqu’il faut l’appeler ainsi, en était pétri.

Je ne dis pas ceci par le zèle d’une dévotion spirituelle : oh ! non ; ce n’est plus là mon défaut ; la philosophie est merveilleusement propre à en corriger les excès, et une réaction trop violente sur ce point est seule à craindre. Autrefois, je l’ai haï par principe de religion : maintenant, je le hais par principe de raison et de philosophie, et, je le reconnais, aussi par goût. Une pareille vie où l’on ne pense pas, où l’on ne réfléchit pas, où l’on ne vit pas un moment avec soi est donc incompatible avec le fond de mon être. Cela posé, je dois donc regarder comme fermée pour moi toute carrière qui n’est pas d’étude et de méditation. Dès lors, la question est bien simple et le choix facile ; de plus, la sublimité du sacerdoce, quand on le regarde d’un œil élevé et vrai, m’a toujours frappé ; quand même le christianisme ne serait qu’une