Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/113

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je ne t’en aimerais pas moins, ta pensée ne m’en serait pas moins présente à tout moment. Je ne cherche pas à t’exprimer mon amitié, tu la sais mieux que je ne pourrais la dire.

Ton frère et ami,

E. RENAN.


III


30 octobre 1842.

Il y a environ douze jours que ta lettre du 15 septembre m’est parvenue, mon Ernest bien aimé ; puisses-tu, en lisant ces lignes, comprendre la joie qu’elle m’a donnée ! Oui, cher ami, un monde nous sépare, et, à voir la rareté de nos lettres, un indifférent pourrait croire que, pour nous aussi, l’éloignement a entraîné l’oubli ; nos cœurs seuls sentent qu’un tel malheur ne peut nous atteindre, car tu ne saurais hésiter à croire que, dans tous les lieux, j’aurai pour toi une tendresse sans égale, un dévouement sans limites. Mon