Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il ne faut pas se faire d’illusion ; cette autorité existe dans toutes les carrières ; mais ici n’est-elle pas plus à redouter qu’ailleurs, puisqu’un serment indélébile oblige de s’y soumettre ? Je ne te pose ceci qu’en question, te laissant entièrement la liberté d’y répondre, le droit d’en décider. À cette demande j’en ajouterai une autre qui en dépend : un ecclésiastique peut-il disposer de lui-même ? n’est-il pas obligé de suivre la direction que lui donnent ses supérieurs ? Je ne combattrai point ce que tu me dis de l’élévation de ce ministère ; certainement, si tous ceux qui l’embrassent l’envisageaient comme toi, rien ne serait plus grand, plus digne d’une âme supérieure que de consacrer sa vie à alléger le malheur, à propager et à mettre en pratique les sublimes vérités de l’Évangile : je n’ajouterai qu’un mot à tes réflexions. Tu souffres, mon Ernest, en découvrant personnalité et ambition où ton cœur droit et pur n’avait rêvé qu’abnégation et dévouement ; tu as senti qu’une grande partie de ceux qui semblent voués à cette mission sont loin de la comprendre et de la pratiquer dignement ; mais