Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/158

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de contraste qu’ils faisaient avec le passé.

J’y ai trouvé une vie douce et tranquille, accommodée à mes goûts, une amitié franche et sincère, le plaisir de revoir ma Bretagne, auquel je serai toujours sensible, et par-dessus tout j’y ai trouvé ce cœur si bon, si aimant, si attentif, si sensible qu’on ne saurait trouver qu’en une mère et dont la nôtre est vraiment le modèle. C’est à peine si je l’ai quittée durant ces deux mois ; je ne trouvais nulle part autant de douceur qu’avec elle, car nulle part je ne trouvais tant d’abandon, de simplicité, de vérité. J’ai été ravi, ma chère Henriette, de l’état satisfaisant où j’ai trouvé notre mère sous tous les rapports. Sa santé est aussi bonne qu’elle peut l’être à son âge et après une vie comme la sienne ; elle a dans le caractère un courage et même une gaîté qui lui font parfaitement supporter son isolement, et d’ailleurs elle est entourée de tous les égards possibles de la part de nos parents et de tous ses compatriotes : enfin, ma bonne Henriette, c’est un bonheur pour moi d’avoir vu tout cela de mes yeux, et de pouvoir me rassurer complètement sur son état ; je suis persuadé que,