Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/174

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circonstances, quoique je puisse t’assurer que je n’ai obéi à nulle détermination étrangère. En me consacrant à Dieu et à ce que je crois la vérité, en la prenant pour mon partage et la portion de mon héritage, selon les paroles que j’ai dû prononcer, en renonçant pour elle aux vanités et aux superfluités, aux folles joies et à ce qu’on appelle les plaisirs, je n’ai fait après tout que ce que j’ai toujours sans hésitation voulu faire. Je n’ai jamais hésité que pour savoir où était la vérité, ou si elle voulait que je la servisse dans l’Église, en dépit des difficultés humaines que je ne pouvais me dissimuler. Mais, soit que j’eusse embrassé ou non l’état ecclésiastique, je dis plus, quels qu’eussent été mes sentiments sur la religion dans laquelle j’ai cru trouver la vérité, une vie sérieuse et retirée, éloignée des superfluités et des plaisirs eût toujours fixé mon choix : or voilà tout ce que j’ai promis, et ces promesses me paraissent comme le préambule nécessaire de toute recherche vraiment sérieuse, l’initiation indispensable à une vie consacrée à la vérité et à la vertu.

Si j’eusse été chef de quelque école de phi-