Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/231

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dès que tu y rentrerais avec une résolution personnelle et éclairée. Je ne puis croire qu’un pareil arrangement coûte des larmes a notre mère ; je ne puis pas me représenter qu’il y ait quelque chose qu’elle désire plus que ton repos et la tranquillité de ton âme… D’ailleurs, tu l’as senti, quand une chose devient un devoir, toute autre question, quelque délicate qu’elle soit, s’affaiblit et disparaît devant cette loi impérieuse. Quand cela deviendra nécessaire, nous traiterons plus longuement ce point si cher et si important.

Je pense, mon ami, qu’il n’est pas nécessaire de résumer ce que je t’ai dit avec tant de longueurs. Tu as compris, je l’espère, qu’en toute hypothèse tu trouveras un appui et la plus tendre assistance. Je me flatte d’avoir tout prévu ; et alors même que de nouvelles difficultés surgiraient encore, elles me trouveraient prête à y opposer un nouveau courage. Ne te laisse donc point abattre, mon bien cher enfant ! La vie est une bien rude épreuve : de bonne heure la tienne est amère ; mais songe que tu n’es pas seul à en supporter le poids. Lorsque tu croiras qu’une