Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/236

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et à ce que j’ai cru mon devoir, j’ai refusé d’avancer cette année au sous-diaconat, auquel j’ai été invité, et qui, comme tu le sais peut-être, compte pour le pas irrévocable. Cette démarche n’aura, j’en suis sûr, aucune suite fâcheuse. — Avant d’entrer dans la discussion de nos projets, je veux, bonne Henriette, compléter les notions que je t’ai déjà données sur mes dispositions actuelles, afin que cette connaissance serve à te diriger dans les démarches que tu veux bien entreprendre pour moi. Je ne me rappelle pas t’avoir jamais exposé les motifs pour lesquels la carrière ecclésiastique a cessé de me sourire ; je veux le faire aujourd’hui avec toute la netteté d’une âme franche et droite, parlant à une intelligence capable de la comprendre. Eh bien ! le voici en un seul mot : je ne crois pas assez. Tandis que le catholicisme a été pour moi la vérité absolue, le sacerdoce s’est montré à moi entouré d’un éclatant prestige de grandeur et de beauté. Quelques circonstances accidentelles, provenant des hommes et non des choses, ont pu ralentir quelques instants l’élan spontané de mon âme ; mais ce n’étaient