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peu, puisque tu ne dois pas suivre les cours de l’établissement. Ces deux pensions vont au collège Henri IV.


XXII


Tréguier, 22 septembre 1845.

Ma chère amie,

Jamais témoignage d’une amitié plus profonde et d’un dévouement plus généreux ne me parvint dans des circonstances plus douces et plus graves à la fois, que celui dont ta dernière lettre était la vive expression. C’est dans une des situations les plus décisives de ma vie, c’est entre les bras d’une mère bienaimée, qu’elle est venue me rappeler quel soutien Dieu m’avait réservé dans une sœur qui, pour le bonheur des siens, ne refuse pas d’accumuler les sacrifices. Et ne m’aurait-elle appris, pour la conduite de ma vie, rien autre chose, si ce n’est jusqu’où pouvait aller cette tendresse pure et désintéressée, et jusqu’à quel point je pouvais compter sur elle, ne serait-ce