Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/324

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idées chéries, notre réunion, l’avancement de mes études, etc...

Enfin, bonne Henriette, j’ai été très satisfait du progrès opéré dans son esprit, et avec des précautions infinies, nous pourrons lui épargner une douleur trop vive. Souviens-toi bien, en lui écrivant, de deux choses : 1° que, vis-à-vis d’elle, je suis indécis ; 2° que les études libres sont des préliminaires au voyage d’Allemagne, lequel n’est lui-même qu’un passe-temps, une place d’expectative. Ne lui dis pas même, jusqu’à nouvel ordre, que je suis à l’hôtel. Mon Dieu ! chère amie, que j’aime cette bonne mère ! Là est ma plus grande douceur ; mais là aussi est ma peine la plus amère. J’aurais horreur d’être vulgaire par aucune des parties de ma constitution interne ; mais sûrement je ne le suis point par celle-là.

Le voyage de Saint-Malo a été pour moi, ma bonne Henriette, le premier pas de ma rupture avec mon passé. J’y ai trouvé tes lettres, qui m’ont admirablement soutenu, car tu penses bien, bonne amie, que j’avais eu bien des moments de faiblesse, et je n’en rougis pas, car la cause m’en parait hono-