Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/346

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promesses de privilèges par rapport à la bibliothèque royale et à celle de l’Institut ; mais nous n’avons pu aborder la question délicate : comment un jeune homme, qui doit vivre de sa science, doit-il s’y prendre pour suivre la carrière des langues orientales. Il paraît qu’il peut en parler pertinemment ; car ç’a été, dit-on, sa position. Je dois lui rendre bientôt une seconde visite pour prendre les lettres qui doivent m’obtenir les privilèges promis, et alors j’aborderai le point délicat. Je souffre moins maintenant à l’intérieur : le souvenir de maman ne m’est plus que doux et triste ; il ne me désole plus. La bonté que j’ai trouvée en tant de personnes me relève et me soutient. J’ai besoin qu’on me parle doucement et moralement. Ce sont ces hommes sans vie supérieure qui me tuent. Ah ! vive l’amateur qui peut penser à son aise, sans s’inquiéter de son pain matériel. Tous les philosophes devraient naître avec trois mille francs de rente à Paris et deux mille en province, ni plus ni moins. — Adieu, ma bonne et chère amie ; écris-moi bien vite, si tu ne l’as déjà fait. Dis-moi franchement ce