Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je fus grandement surpris quand, lors de mon entrée au collège, le proviseur me fit observer que je devais garder l’habit ecclésiastique dans mes fonctions intérieures. Je n’avais, je l’avoue, nul motif de le soupçonner, et des exemples positifs m’autorisaient à n’avoir là-dessus nulle inquiétude. Je combattis vivement cette singulière injonction, je rappelai l’exposition franche et nette que j’avais faite de mes dispositions actuelles, lorsque nous en étions aux premières ouvertures ; j’opposai nominativement des exemples. Il me fut répondu à tout cela d’une de ces manières, qui ne laissent plus à l’inférieur possibilité de réplique pour le moment. Fallait-il rompre subitement au point où en étaient les choses, ou fallait-il entrer provisoirement, afin de garder quelques apparences ? Je pris ce dernier parti. Fis-je bien ou mal ? Je serais encore embarrassé pour le décider. Au moins, si je fis mal, ce fut une maladresse, mais non une faute morale ; car j’étais fermement décidé à tout rompre au bout de quelques jours, si je ne pouvais obtenir raison sur le point difficultueux ; et même si ce fut