Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/36

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madame la princesse Cécile Lubomirska, la rare estime qu’elle obtint de toute cette noble famille, qui, après son retour en France, ne cessa point de recourir à ses lumières et à ses conseils, l’affinité qu’il y avait, par le sérieux et la droiture, entre son caractère et celui de la maison où elle vivait, lui firent oublier les tristesses inséparables de ces sortes de positions et les rigueurs d’un climat très contraire à son tempérament. Elle s’attacha à la Pologne et conçut en particulier beaucoup d’estime pour le paysan polonais, en qui elle voyait une créature bonne, pleine de hauts instincts religieux, rappelant le paysan breton, mais avec moins d’énergie.

Les voyages qu’elle fit en Allemagne et en Italie achevèrent de mûrir ses idées. Elle résida à plusieurs reprises à Varsovie, à Vienne, à Dresde. Venise et Florence lui causèrent un vrai enchantement. Mais ce fut Rome surtout qui l’attacha. Cette ville, si profondément inspiratrice, l’amena à concevoir avec beaucoup de sérénité la séparation que tout esprit philosophique est obligé de faire entre le fond de la religion et ses formes particulières. Elle