Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/372

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fique, chère Henriette ; d’un journal, également pour les jeunes personnes ; encore plus beau. Mademoiselle Ulliac a un nom, des connaissances, tout ce qu’il faut en un mot pour bien entamer une affaire. Elle me parlait de tout cela avec un enthousiasme à ravir ; seulement, son Henriette était nécessaire à tout ; sans elle rien ne pouvait se faire. Reviens, chère amie ; je te donnerai des matériaux tant que tu voudras, du grec, de l’allemand, du latin, de l’hébreu, de la philosophie, de la philologie, de la théologie même au besoin ; je t’abandonne la propriété de tous mes travaux ; seulement, reviens. C’est là mon delenda Carthago. Ce sera la péroraison de toutes mes lettres, jusqu’à ce que j’aie réussi à te convaincre.

Oh ! je n’oublierai jamais ce soir du 2 novembre où mademoiselle Ulliac m’a ouvert les yeux. O mon Henriette, que tu as souffert ! Et à Paris... elle me racontait tout cela, et moi, je tombais de surprise. Nos soins seuls, bonne amie, peuvent te remettre des peines que tu as endurées pour nous. Nous la dorloterons, disait cette excellente amie. Oui, oui, chère