Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/377

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trait dont je n’embellisse mon idéal ; mais songe que, sans toi, tout l’édifice s’écroule. Adieu, bonne et chère amie. Je me berce d’espérances qu’il dépend de toi de réaliser. Mais tu sais à quelle condition. Ma pensée se repose avec complaisance sur ce voyage d’Italie, qui, ce me semble, te sera fort agréable et fort salutaire. Mais pour achever de l’embellir, figure-toi bien, chère amie, que c’est le retour. Écris-moi souvent, je te prie, des différentes stations de ton voyage. Il me semble que maintenant l’espace qui nous sépare n’est plus rien. Nos lettres au moins, je l’espère, ne seront plus des mois à nous parvenir. Appuie-toi sur mon amitié, comme je m’appuie sur la tienne, Ton frère, ton ami.

E. RENAN.


Notre pauvre mère a fort bien accueilli la nouvelle de mon entrée à Stanislas, et ce qu’il y a de plus significatif c’est qu’elle croyait pourtant que cette entrée était purement laïque. Il y a un progrès réel. Mais il faudra mille précautions ; ne lui dis pas encore que j’ai quitté Stanislas. Le voyage d’Italie, et plus que