Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/397

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pensée. Quoique généralement mon défaut ne soit pas la défiance de mes forces, j’avoue que je n’envisage cette épreuve qu’avec une certaine crainte. — Cet examen est sans contredit plus facile que celui de la licence, puisque les élèves qui l’ont passé sont encore censés consacrer un ou deux ans à se préparer à ce dernier ; or mon intention serait, si je n’entrais pas à l’École normale, de me présenter à la licence dans un an. A plus forte raison donc, diras-tu, ne devrais-je pas craindre l’examen d’admission. Il n’en est pas ainsi, chère amie, et l’axiome : qui peut plus peut moins, ne saurait s’appliquer ici. Cela tient à la nature différente des épreuves, et surtout des compositions écrites, qui en forment la partie réellement grave et difficile. — Les compositions de la licence sont des dissertations critiques et philosophiques tout à fait assorties à la nature de mon esprit ; celles de l’admission, au contraire, sont des devoirs dans le genre de la rhétorique, pour lesquels j’ai toujours eu une antipathie très prononcée. D’ailleurs, les candidats sont la plupart des jeunes gens sortant de rhétorique