Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/414

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d’études est sur un excellent pied, et que l’avenir, sans se dessiner encore, offre pourtant des lueurs rassurantes. Mon Dieu ! mon Dieu ! oui, si mon Henriette est là pour compléter mon bonheur ! Tout ce mouvement intellectuel me place dans une sphère d’activité que j’aime beaucoup ; mais quand je songe à ma pauvre amie : que peut-être je ne reverrai jamais, toute ma joie tombe, et la vie m’apparaît pâle et triste. Je serai bien heureux, quand l’espérance me sera rendue. — J’oubliais de te dire, chère amie, ce nouveau projet, si je l’exécute, servira merveilleusement à colorer bien des choses à notre mère. Elle me croit toujours à Stanislas, et, bien que cette feinte, qui n’est qu’un silence, soit fort innocente, elle me pèse horriblement. Je suis sûr que cette nouvelle perspective lui sourira, surtout voyant qu’elle se lie si pacifiquement à mon passé : il sera facile de lui faire entendre alors qu’une position plus libre m’est nécessaire pour mes recherches et mes travaux. Elle se complaisait beaucoup à mes travaux dans ce genre, et je suis sûr qu’elle en sera ravie. — Chère amie, je n’ai plus le courage de t’entretenir d’autre chose. Il ne me