Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/99

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longtemps, tu n’auras pas à craindre en moi un rival. Je n’ai guère pu, jusqu’ici, y donner un temps considérable ; j’ai vu en commençant une étude aussi importante que celle de la philosophie, que ce n’était pas trop d’y donner tous mes soins. Maintenant que j’en ai la clef, je pourrai y donner beaucoup plus d’application. Du reste, nous avons ici de grandes facilités pour apprendre les langues vivantes, vu la diversité de nation de ceux avec qui nous vivons, ce qui nous fournit l’avantage de converser avec eux dans leur langue maternelle, et de nous former à leur prononciation, partie si épineuse de l’étude des langues modernes.

Après t’avoir longuement exposé l’objet de mes études, il ne me reste plus, ma bonne Henriette, qu’à te dire un mot de mon nouveau séjour, dont tu ne peux guère te former d’idée d’après Saint-Nicolas. Ce sont deux maisons totalement dissemblables. Autant Saint-Nicolas est rétréci, triste et borné, quant au séjour, autant Issy est spacieux, agréable et riant. Autant à Saint-Nicolas, la différence du maître à l’élève était sensible, autant ici