Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/129

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M. Gaillardot resta à Amschit après notre départ pour veiller aux funérailles de ma pauvre amie. La population du village, à laquelle elle avait inspiré beaucoup d’attachement, suivit son cercueil. Les moyens d’embaumement manquaient tout à fait ; il fallut songer à un dépôt provisoire. Zakhia offrit pour cela le caveau de Mikhaël Tobia, situé à l’extrémité du village, près d’une jolie chapelle et à l’ombre de beaux palmiers. Il demanda seulement que, quand on l’enlèverait, une inscription indiquât qu’une Française avait reposé en ce lieu. C’est là qu’elle est encore. J’hésite à la tirer de ces belles montagnes où elle a passé de si doux moments, du milieu de ces bonnes gens qu’elle aimait, pour la déposer dans nos tristes cimetières, qui lui faisaient horreur. Sans doute je veux qu’elle soit un jour près de moi ; mais qui peut dire en quel coin du monde il reposera ?