Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/52

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étendue, devint exceptionnelle. Elle étudia les travaux de l’école historique moderne, et il me suffit plus tard de quelques mots pour lui donner le sens de la plus fine critique. Du même coup ses idées religieuses se modifièrent. Elle vit par l’histoire l’insuffisance de tout dogme particulier ; mais le fond religieux qui était en elle par le don de la nature et par le fait de l’éducation première était trop solide pour être ébranlé. Tout ce développement, qui eût pu être dangereux chez une autre femme, fut ici sans venin ; car elle le garda pour elle seule. La culture de l’esprit avait à ses yeux une valeur intrinsèque et absolue ; elle ne songea jamais à en tirer une satisfaction de vanité.

Ce fut en 1838 qu’elle me fit venir à Paris. Élevé à Tréguier, par d’excellents prêtres qui y dirigeaient une sorte de petit séminaire, j’annonçai de très bonne heure des disposi-