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CHAPITRE XI.


LES GRANDS ÉVÊQUES DE GRÈCE ET D’ASIE — MÉLITON.


À côté d’excès moraux, fruit d’un sentiment mal réglé, et d’une exubérante production de légendes, filles de l’imagination orientale, il y avait heureusement l’épiscopat. C’était surtout dans les régions purement grecques de l’Église que cette belle institution florissait. Opposé à toutes les aberrations, classique en quelque sorte et moyen dans ses tendances, plus préoccupé de la voie humble des simples fidèles que des prétentions transcendantes des ascètes et des spéculatifs, l’épiscopat devenait de plus en plus l’Église elle-même et sauvait l’œuvre de Jésus de l’inévitable naufrage qu’elle eût subi entre les mains des gnostiques, des montanistes et même des judaïsants. Ce qui doublait la force de l’épiscopat, c’est que cette espèce d’oligarchie fédérative avait un centre ; ce centre était Rome. Anicet avait vu,