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CHAPITRE XIII.


DERNIÈRE RECRUDESCENCE DE MILLÉNARISME ET DE
PROPHÉTISME — LES MONTANISTES.


Le grand jour, malgré les affirmations de Jésus et des prophètes inspirés de lui, refusait de venir. Le Christ tardait à se montrer ; la piété ardente des premiers jours, qui avait eu pour mobile la croyance à cette prochaine apparition, s’était refroidie chez plusieurs. C’est sur la terre telle qu’elle est, au sein même de cette société romaine, si corrompue, mais si préoccupée de réforme et de progrès, qu’on songeait maintenant à fonder le royaume de Dieu. Les mœurs chrétiennes, du moment qu’elles aspiraient à devenir celles d’une société complète, devaient se relâcher en plusieurs points de leur sévérité primitive. On ne se faisait plus chrétien, comme dans les premiers temps, sous le coup d’une forte impression personnelle ; plusieurs naissaient chrétiens. Le con-