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CHAPITRE XXXIII.


L’EMPIRE CHRÉTIEN.


Des raisons anciennes et profondes voulaient donc, nonobstant les apparences contraires, que l’empire se fît chrétien[1]. La doctrine chrétienne sur l’origine du pouvoir semblait faite exprès pour devenir la doctrine de l’État romain. L’autorité aime l’autorité. Des hommes aussi conservateurs que les évêques devaient avoir une terrible tentation de se réconcilier avec la force publique, dont ils reconnaissaient que l’action s’exerce le plus souvent pour le bien. Jésus avait tracé la règle. L’effigie de la monnaie était pour lui le criterium suprême de la légitimité, au-delà duquel il n’y avait rien à chercher. En plein règne de Néron, saint Paul écrivait : « Que chacun soit soumis aux puissances régnantes ; car il n’y a pas de puissance qui ne

  1. Les Apôtres, p. 316, note 2.