Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/103

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à Varsovie ; si tu ne reçois aucune lettre, interprète-le favorablement ; c'est que la réponse aura été affirmative.

Nous avons eu une inquiétude passagère à ton égard, chère amie, laquelle nous faisait encore désirer plus ardemment de recevoir de tes nouvelles. Maman lut dans le journal un article d’après la Gazette Universelle de Berlin annonçant un grave accident sur le chemin de fer de Varsovie à Czentochowa. La date coïncidait d’une manière effrayante avec celle que nous pouvions supposer à ton voyage, et la direction pouvait aussi bien être celle que tu suivais. Maman m’écrivit on toute hâte, et je fus assez heureux pour trouver un indice qui nous tira tous d’inquiétude. Je recourus à la Gazette de Berlin, où je reconnus avec bonheur que l’accident est arrivé en venant de Varsovie à Czentochowa, d’où je conclus que tu ne pouvais faire partie du convoi fatal. Si j’avais connu les lignes assez capricieuses que tu suis dans ton voyage, j’aurais beaucoup moins insisté sur cette induction, quelque évidence qu’elle me parût posséder.

Rien de décisif n’est survenu relativement à moi depuis nos dernières correspondances. J’envoyai ma pétition au ministère quelques jours après ma dernière lettre. Sur le conseil de M. Burnouf, je m’adressai aussi à M. Reinaud pour la faire appuyer. Non seulement il y consentit ; mais il voulut y joindre une lettre écrite en son propre nom au ministre, où il faisait lui-