Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/142

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départ pour Varsovie, m’a obligée à des prévisions qui sont toujours une nouvelle cause de tracas. Pour tout compléter, dans le même temps, mademoiselle Ulliac me demande avec instances et promptement le travail ci-inclus, et quoique ce soit chose très peu importante, il fallait encore trouver le temps de le faire. — Oh ! sois-en certain, mon Ernest, ma pensée du moins ne te quitte jamais, et ce qu’il y a de plus affectueux dans mon coeur est sans cesse prés de toi !

Je le parlerai d’abord d’une vive contrariété que j’ai ressentie, qui dure encore, et qui a aussi contribué à retarder cette lettre. Je ne puis, très cher ami, m’empêcher de penser souvent que les fonds que tu avais à ta disposition doivent être certainement épuisés ; et cette idée, tu n’en saurais douter, me jette dans les plus pénibles inquiétudes. J’avais donc pris la résolution de joindre une remise de cinq cents francs à ma lettre de fin d’année. Il me fallait, il est vrai, compter sur la présence du père de mes élèves à Varsovie, pour avoir le billet que je désirais si vivement ; mais comme il devait se rendre dans cette ville vers le 15 décembre, tout me permettait de continuer à rêver mon cher projet… Hélas ! ce voyage qui devait se faire en décembre n’a lieu qu’à la fin de janvier ; le comte ne part qu’avec nous… Je n’ai pas, pour insérer dans ma lettre, le billet que j’aurais été si heureuse d’y joindre. Je l’obtiendrai certainement dans quelques jours ; mais je crains trop de te tourmenter réellement