Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/178

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études, homme assez distingué, et qui est beaucoup plus ministre que le ministre lui-même, fit à ce sujet un rapport ou il proposait d’annexer la nouvelle école au Collège de France, mais sans détruire le caractère libre et scientifique des cours actuels. Ces cours seraient suivis faculttativement par les élèves, et on y adjoindrait sept nouveaux cours, qui constitueraient à vrai dire la nouvelle école. Cela était sans doute attaquable ; c’était briser l’unité de cet établissement célèbre ; mais aussi c’était le sauvegarder contre l’inintelligence, peut-être la barbarie populaires, en lui donnant un air officiel et pratiquement utile. Car on ne conçoit plus que cela. M. Burnouf, qui connaît intimement Jean Reynaud, m’a assuré que cette pensée conservatrice avait été celle qui en effet l’avait dirigé. Malheureusement M. Carnot n’a pas été aussi intelligent : quelques jours après le projet, parut un déplorable arrêté, dans lequel tout l’esprit de la proposition était faussé. Ce n’est plus une école annexée au Collège, mais c’est le Collège qui devient école d’administration. Des cours sont supprimés (cours de poésie latine, d’économie politique, de législation comparée, de turc) sous les prétextes les plus frivoles ; mais en réalité par animosité personnelle contre les professeurs qu’on ne pouvait briser qu’en brisant leurs chaires ; les nouveaux cours sont établis, et remplis presque tous par des membres du gouvernement provisoire. Enfin l’institution nouvelle est présentée comme une réorganisation,