Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/198

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il n’y a pas autre chose à faire. Le concours de fin d’année peut seul désormais être notre boussole. — Avec toi, mon Ernest, j’applaudis hautement au système d’organisation qui doit dispenser sur plus d’individus les places de la science ; rien n’est plus juste, et rien ne serait mieux si l’on procédait avec modération et surtout si l’on se gardait d’attaquer le passé : malheureusement c’est la seule chose qu’on ait faite jusqu’ici, et comme toi, j’ai horreur des mesures rétroactives. — Dis-moi, très cher ami, dans quelles publications tu insères les articles détachés que tu fais paraître ; dans quelque circonstance favorable, je pourrais peut-être me les procurer, du moins celles qui sont à ma portée. Dis-moi aussi si je dois continuer à t’envoyer mes lettres sous le couvert de mademoiselle Ulliac, comme je l’ai fait depuis les grands événements, ou si tu préfères que je te les adresse directement. Parle-moi franchement, mon bon Ernest ; je ne suis jamais plus heureuse qu’en sentant que je lis ta pensée exempte de contrainte. Un tout, pauvre cher ami, n’es-tu pas mon premier but, l’objet de toutes mes prévisions et de toutes mes craintes ?


22 juin.

Encore des jours d’anxiété cruelle ! — encore de fatales nouvelles de Paris !… Oh ! mon Ernest, comprendras-tu jamais ce que j’éprouve