Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/256

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un trimestre ou plus, j’aurai le traitement fixe, mais non l'éventuel du collège. Tout cela est peu déterminé, mais enfin suffisant pour cette année. J’ai fait une foule de connaissances depuis quelques semaines, soit par mon prix de l’Institut, soit par mon agrégation ; M. Guigniaut, sécrétaire général du Conseil de l’Université, Jules Simon, avec qui je suis devenu fort intime du premier coup, en qualité de collaborateur dans la Liberté de penser (il est député des Côtes-du-Nord, tu sais), M. Cousin, même, quoique d’un peu loin encore. Je te conterai tout cela plus tard. — J’avais d’abord songé au concours pour les Facultés qui aura lieu en novembre prochain. J’en ai parlé à M. Guigniaut, qui m’en a dissuadé par d’excellentes raisons, et en m’assurant expressément que dès à présent je pourrais obtenir ce à quoi ce titre donne droit, une suppléance de Faculté de province. — Mon plan est désormais irrévocablement fixé. Rester à Paris cette année, achever mes thèses ; puis, s’il n’y a pas de place vacante à Paris, demander une suppléance de Faculté en province. J’y aurai alors tout droit. Ces places sont de toutes les sinécures les plus agréables : parler deux heures par semaine devant cinq ou six désœuvrés, voilà tout. D’ailleurs les cours de Faculté ne durant que six mois environ, je serai libre de faire de longs séjours à Paris. Et quant à mes travaux favoris, j’aurai tout loisir. Mon travail sur l’histoire des études grecques peut parfaitement se revoir en province,