Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/296

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volume est inférieur au premier pour l’unité et la majesté de l'ensemble et de l’exposition. Mais il est plein de documents inappréciables et de vues particulières pleines d’originalité.

J’ai vu M. Cousin il y a quelques jours, Cet homme est si étendu, si multiple qu’il ne se ressemble jamais à lui-même deux jours de suite. Cette fois il m’a fait une impression tout autre. Il venait d’obtenir de M. Freslon de très importants arrêtés relatifs aux agrégés des Facultés, et était tout préoccupé de ses plans d’organisation : il ne m’a parlé que de cela une heure durant, avec sa verve habituelle. Dieu me garde de le regretter. J’aime cet homme comme un père, bien plus certes que ceux qui sont ses disciples officiels. La Liberté de Penser ne s’est pas, à mon avis, montrée assez reconnaissante envers lui. Dans un article regrettable, M. Jacques a presque renié sa paternité, la trouvant compromettante pour le moment. C’est moi qui dans un article philosophique ai parlé de lui de la façon la plus convenable, et qui ai hautement avoué toute l’admiration que je professe pour ce grand homme. Ces passages ont été remarqués. — Adieu, excellente amie ; l’espace me manque, mais tu sais combien je t’aime.

E. RENAN.