Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tu me recommandes la prudence dans ce que j’écris, excellent conseil, chère amie. Mais je vais, je t’assure, te rassurer. Je n’écris plus absolument que dans le Journal de l’Instruction Publique et la Liberté de Penser. Le premier étant le Journal officiel du ministère, je ne peux, tu penses bien, y commettre de compromettantes hardiesses. Et quant à la Liberté de Penser, ses rédacteurs ont tout intérêt à ne pas se rendre impossibles. J’y prends d’ailleurs fort souvent le pseudonyme ou l’anonyme. J’ai résolu de faire l’essai dont je t’avais parlé sous le titre de : De l’Avenir de la science, titre qui est devenu mauvais avec les modifications que j’ai fait subir à mon plan. Je l’ai soumis à M. Egger qui l’a fort approuvé. Si tu avais besoin d’être rassurée sur ce nouvel essai, voici le gage le plus sûr que je puisse t’offrir, chère amie. Je compte lui donner la forme d’une lettre adressée à M. Eugène Burnouf, comme à mon idéal scientifique, à celui qui a confirmé A jamais ma vocation à la science. Tu comprends bien que je n’irai pas lui débiter des impertinences. J’attends toutefois à lui en parler, que je puisse lui présenter plusieurs pages, afin qu’il prenne une idée de l’ouvrage. Cette question de forme n’est même pas, je dois le dire, tellement arrêtée, que je ne me réserve de revenir sur ce point, si quelques idées refusaient absolument de se prêter à ce cadre. Je te donnerai dans ma prochaine lettre la table analytique des paragraphes. Je suis assuré que Joubert, l’éditeur philosophique, avec