Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/348

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où cette épidémie paraît définitivement devenir endémique. Je te le répète, octobre ne se passera pas sans que nous nous soyons embrassés ; mais je veux, avant d’insister, avoir à faire valoir de nouveaux et plus puissants arguments.

Je suis fort occupé Ces jours-ci. M. Jacques me demande pour juillet quelques pages de mon ouvrage pour la Revue et je ne sais encore que lui envoyer. Une note du directeur de la Revue expliquera que ce fragment est extrait d’un livre qui doit paraître bientôt. Ce qui sera une bonne annonce et vaudra mieux pour mes démarches que l’ouvrage paru. Ne t’imagine pas que l’opposition que fait cette Revue au ministère et spécialement à M. de Falloux, opposition à laquelle du reste je ne prends aucune part active, puisque je reste toujours dans la région pure, me crée des chances défavorables. Tout au contraire, j’ai été surpris devoir quelle considération cela me valait, même dans les bureaux du ministère et dans l’Université. Ces messieurs à grandes places ne peuvent faire de l’opposition, mais ne sont pas fâchés de voir la jeunesse libérale, qui n’a pas tant à ménager, se lancer un peu. Moins que jamais je suis décidé à me gêner pour l’expression de ma pensée. J’ai découvert qu’on ne taquine que ceux qui y vont timidement et sournoisement. Mais la manière franche, libre et originale, passe d’elle-même. Mon article, signé seulement des initiales, sur les historiens critiques de Jésus, dont l’anonymat n’a trompé personne, m’a valu d’unanimes