Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/352

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s’agit plus que de gagner les jours. Songe que chaque heure de retard nous expose à des larmes éternelles et nous maintient dans de mortelles inquiétudes. Écris-moi donc sur-le-champ, chère Henriette, le jour ou nous pourrons nous rejoindre à Berlin, Nous chercherions en vain un moment plus favorable. Je suis absolument sans occupation extérieure, vivant purement et simplement à mes frais, sans travail bien pressé, puisque mon essai ne saurait paraître avant octobre ou novembre. Le temps des démarches actives pour l'an prochain n’est pas encore venu, Dans deux mois ou six semaines par exemple, le voyage ne me serait pas à beaucoup près si commode. Après notre retour, nous irons ensemble à Saint-Malo, où tu trouveras ton amie. Voilà, excellente sœur, un concours de circonstances tel que nous en chercherions en vain à un autre moment. Le lendemain de la réception de ta lettre, je suis prêt à partir. Au nom du ciel, ne prolonge pas d’un jour ces angoisses. Un vérité, chère amie, les circonstances sont si exceptionnelles, que je me demande si tu dois attendre le retour de la mère de tes élèves. A la bonne heure, si ce retour doit avoir lieu dans quelques jours, s’il n’entraîne d’autre retard que celui qu’auraient amené les préparatifs du voyage et l’échange de nos lettres. A cela près, je ne vois pas que tu sois obligée à t’exposer à un danger imminent, surtout le père de tes élèves représentant suffisamment la famille. Veux-tu que j’écrive ou que nous écrivions au comte, Alain et