Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/45

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ne me soit pas facile de comprendre ce que deviendra ma pensée délayée dans celle de M. Peigné. Enfin, il en arrivera que pourra ! Je n’y mets aucune prétention. Je prévoyais tout ceci lorsque je persistai à rester cachée sous un pseudonyme  ; vois comme j’avais raison ! Je viens de lire ton explication sur Valentine de Milan : elle est très jolie, très bien dite. Sophie avait deviné l’énigme. J’ai facilement reconnu les passages que mademoiselle Ulliac a dû tronquer. C’est une singulière manie ; heureusement qu’il ne s’agit de rien d’important. — Tout ce que tu m’as écrit, m’a causé une grande joie, mon Ernest ; oui, quoi qu’on puisse t’offrir, il faut tenir invariablement à rester habiter Paris. En ceci est tout ton avenir, cher ami  ; ne l’oublie jamais, je t’en conjure. Comme toi, je crois qu’il est beaucoup plus sage d’ajourner à deux ans ton concours d’agrégation : alors encore, je voudrai pour toi une place à Paris, il faut donc se donner toutes les chances d’arriver aux premiers rangs. En rien, mon bien cher Ernest, ne compromettons ta carrière par trop de précipitation. D’ailleurs tes projets pour remplir ces deux années sont excellents, faudrait-il même les passer entièrement dans un établissement privé. Je vais suivre avec un bien tendre intérêt les phases du concours pour le prix Volney : sois sûr que je ne commettrai aucune indiscrétion. S’il était possible, je te verrais aussi avec beaucoup de plaisir suivre l’avis de M. Damiron