Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/458

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

projet primitif, notre réunion dans cette ville ou à Vienne ? Ce voyage ne pourrait-il servir au moins comme raison plausible pour accélérer ton départ ? je laisse cela à ton appréciation, et ne veux trop insister sur cette question secondaire, afin que tu me permettes d’être plus pressant sur le point essentiel, notre réunion avant l’hiver prochain. Mais en vérité au mois de novembre, n’auras-tu pas fini tes dix années, et qu’est-ce que deux ou trois mois de plus ou de moins sur un laps de temps si considérable ? Une prolongation de séjour si insignifiante dans la famille du comte mérite-t-elle d’être considérée devant l’immense avantage d’éviter un hiver dans ces régions si funestes à ta santé ? Il est impossible que le comte ne comprenne pas une chose si évidente. Remarque bien que la question ne se pose pas pour moi : s’il faut finir ou non tes dix années. Je me place toujours a ce point de vue que si tu attends l’automne prochain, les dix années peuvent raisonnablement être considérées comme terminées, eu égard a la raison si plausible qui t’oblige à écourter un peu les derniers jours. Je suis convaincu que le médecin, quelque jugement qu’il porte sur ton mal (et plaise à Dieu qu’il ne soit que rassurant !) sera le premier à te dire, que, si tu es décidée à ne pas dépasser le terme de tes dix années (et ce point tu me l’as accordé, chère amie, il n’y a plus à y revenir !), il est du plus simple bon sens d’éviter, en devançant ton départ de quelques semaines, une saison qui décuple les