Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/462

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de l’Oratoire. On nous prépare un beau rôle  ; il semblait que nous n’eussions plus qu’à dormir sur les conquêtes de nos pères, et voilà qu’on va nous donner l’occasion de les refaire à notre maniéré et pour notre compte. Quoi qu’il en soit, les témoignages positifs et pratiques que je reçois de France me prouvent que les personnes dont l’estime m’est la plus chère me portent autre chose qu’une bienveillance vulgaire. Je te parlerai de ceci une autre fois ; mais je crois sans pousser trop loin l’optimisme, les nouvelles que je reçois sont toutes à l’espérance.

Quand je pense, ma bien-aimée, que dans six mois nous serons réunis, je me possède à peine. Cela seul peut me faire oublier un instant que tu souffres, et que pendant que je vais chercher l’ombre sur le Pincio ou du côté de Sainte-Croix de Jérusalem, tu ne vois autour de toi que neiges et frimas. Adieu, ma tendre sœur.

E. RENAN.

Le pape rentre vendredi 12 à quatre heures du soir. On promet de l’enthousiasme.


MONSIEUR ERNEST RENAN
recommandé aux soins et à l’obligeance de M. Daremberg, rue d’Enfer, 53.


Varsovie, 10 avril 1850.

Ah ! mon Ernest chéri, que de tristes choses se sont passées depuis que ma voix n’a pu arriver