Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cement d’août. Le médecin vient de me redire que ce que j’ai sera long, très long. ne dérange donc que le moins possible tes affaires, cher ami ; combine le tout de manière à ne pas te causer de dommage. Sois sûr que si je me trouvais plus mal, je te le dirais tout de suite. Si le projet d’une nouvelle mission se réalisait, peut-être encore serait-il possible de le concilier avec mon retour. Le tout est, si j’obtiens un mieux bien prononcé, que je ne reste pas ici après la mi-août ; si au commencement de juin, je ne suis pas mieux, je partirai à cette époque — Je voudrais, mon bien-aimé frère, ne point déranger ton avenir ; mais surtout, surtout, je désire te revoir. Que deviendrai-je ensuite ? Je l’ignore absolument, mon pauvre ami. Tu seras ma Providence tant que je serai sur la terre. Ah ! Dieu sait que ma plus grande crainte au milieu de mes souffrances est de peser sur ta jeunesse !

Je n’ai pas encore eu le courage d’écrire à notre mère que je suis malade ; il faut pourtant que je le fasse, mais avec tous les ménagements possibles. Notre frère connaît la vérité. Oh  ! que je souffre du mal que je fais à tous ceux que j’aime ! Ernest, Ernest, avec quel cœur je te chéris et te désire !

H. R.