Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/470

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t’en supplie ! Si tu pouvais comprendre combien m’est pénible l’idée de te savoir par moi et pour moi dans la peine  ! — Reprends ton repos d’esprit : je crois me sentir sauvée, et le médecin partage la même conviction. Il m’a permis aujourd’hui d’ouvrir ma fenêtre pour respirer l’air extérieur, et je t’assure que c’est immense d’après l’état où j’étais il y a dix jours seulement. — Encore une fois, sois tranquille, mon frère chéri, termine en paix ta mission, et après ton retour à Paris, nous parlerons du mien. — A toi, mon bien-aimé, à toi de toutes les forces de mon âme,

H. R.


MADEMOISELLE RENAN
Palais Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, (Pologne).


Rome, 17 avril 1850.

Quel étrange spectacle, ma chère amie, que celui dont j’ai été témoin il y a quelques jours, et que mon exploration morale de l’Italie eût été incomplète, si je n’avais assisté à cette restauration de la Rome pontificale ; Je n’ai jamais rien vu de plus original, rien qui se puisse moins deviner. Je m’attendais à des démonstrations officiellement arrangées et payées, comme l’avaient été celles du carnaval. Quel fut mon étonnement, quand debout sur les marches de Saint-Jean de Latran, je me trouve, à l’entrée du pontife, au