Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/499

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marche ascendante dans le mieux qui se fait sentir, et par conséquent des chances meilleures pour le voyage. « Prenez du repos, a-t-il ajouté en se résumant ; attendez : je ne vois, heureusement, rien qui nécessite votre retour avant le mois d’août, et je trouve, sur tous les points, que vous pouvez, que vous devez gagner à attendre. » Il m’a trouvé aujourd’hui meilleur visage (je n’ai jamais été très défaite), et je m’aperçois moi-même que depuis quelques jours je reprends une mine de plus en plus rassurante. Sachons donc attendre, bon et si cher ami, n’exposons à aucun hasard ce petit mieux si péniblement obtenu et encore peu consolidé. Ne t’inquiète point, je t’en supplie : mon mal n’avance pas vite dans la voie d’amélioration où il est entré, mais il s’y maintient, malgré quelques retours de souffrance, malgré l’irritation qui existe encore dans l’organe attaqué. Le matin, après le repos de la nuit, je suis toujours dans une situation très calme, sans douleurs ni tiraillements ; c’est dans la journée, vers midi, une ou deux heures, lorsque j’ai dû forcément prononcer quelques phrases, que la souffrance se fait de nouveau sentir. L’aspect de ma gorge est infiniment meilleur ; ce n’est que la douleur que j’éprouve en parlant, même on n’élevant point la voix et en ne prononçant que quelques syllabes, ce n’est que cette douleur tenace qui prouve que tout n’est pas fini, qu’il me reste encore et que je conserverai longtemps des traces de cette irritation cruelle. Après tout, mon