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J’ai de bonnes nouvelles de Saint-Malo. Maman est enchantée de ton retour. Mais, mon Dieu, pourquoi tardes-tu si longtemps à m’écrire ?


MONSIEUR ERNEST RENAN
à Milan, Lombardie (Poste restante).


Varsovie, 11 juin 1850.

Je viens accomplir ma promesse de t’écrire, très cher Ernest, quoique j’aie bien peu de changements à t’annoncer dans ma situation de malade. Toujours ma gorge paraît mieux à l’œil, et ce matin on la considérant, le médecin pouvait me dire qu’elle ne lui paraissait plus loin de l’état normal ; mais toujours aussi je continue à y éprouver de très vives douleurs qui ne me permettent point de croire que je touche à une guérison. Si je t’écrivais le matin, cher ami, sans penser à la soirée de la veille, je n’aurais à te donner que les plus consolantes nouvelles, car chaque jour, je suis invariablement mieux dans la matinée, c’est toujours vers une ou deux heures que le mal renouvelle ses atteintes, et j’en ai alors jusqu’au soir à peu près sans interruption. Il me semble maintenant que le siège de la douleur est un peu plus bas que jadis, ce qui explique à mes yeux pourquoi la gorge paraît mieux lorsque je ne souffre pas moins. Mon Ernest, je t’en supplie, ne te tourmente point, ne laisse pas abattre ton