Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/518

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1er août si tu le désires. Je ne t’envoie point de lettre de change sur Paris : je n’ai pas voulu demander un acompte quelques jours avant le règlement définitif de mes intérêts. Je renfermerai dans cette lettre un mot pour notre frère, en lui disant de te remettre quatre ou cinq cents francs (ce que tu voudras), pour venir jusqu’à Berlin  ; je m’arrangerai de manière à avoir ensuite avec moi ce qu’il nous faudra pour continuer notre route. Comme tu l’as prévu, cher ami, je préférerais ne pas aller tout d’un trait de Berlin à Paris. Ce n’est pas que je ne sois capable de supporter cette fatigue, je le suis assurément ; mais j’aimerais mieux quelques interruptions. Ces voyages en chemin de fer ont toujours le don de me fatiguer au plus haut point ; mais comme je ne ressens aucune faiblesse, comme je n’ai plus la moindre trace de fièvre ni d’abattement, comme j’ai repris toutes mes forces, je serai toute disposée, toute prête, mon bon frère, à suivre les mesures et la direction qui seront le plus à tu convenance. Ainsi, vois si tu ne peux en aucune manière utiliser cette excursion dans l’Allemagne septentrionale : rien ne me serait plus agréable que de seconder en ce point tes désirs. La saison n’est pas avancée, rien ne nous presse, et je puis sans le moindre inconvénient m’écarter de la ligne directe, soutenir toutes les formes de voyage. Que le sort nous réunisse, mon ami, et tout le reste me paraîtra bien peu de chose ! — je vais passer des jours cruels pendant ton voyage de