Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/61

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tout concilier : je remettrai à terme la partie de l’ouvrage terminée (et ce sera presque le tout), et ensuite je lui remettrai en mains propres tous les suppléments que je jugerai à propos. Néanmoins je tiens à ce que tout soit au complet vers le 10 mars ; des additions trop tardives, et n’arrivant que quand le jugement serait déjà formulé, seraient comme non avenues. Cet excellent homme me témoigne réellement un intérêt qui me ravit. Croiras-tu quelle est la question qu’il a abordée, immédiatement après celle du concours ? Celle assurément que j’aurais le moins osé entamer, la future succession du cours d’hébreu au Collège de France ! et cela dans des termes d’une précision qui m’étonne encore. Cet important entretien m’a prouvé au moins deux choses : 1o que nul choix n’est arrêté, puisque M. Reinaud, secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et cette année président, chargé en outre de toute la direction de la Société et du Journal asiatiques, et par conséquent mieux à portée que qui que ce soit de connaître tous les concurrents, me déclarait en termes exprès qu’il n’en voyait pas un seul, qui pût se mettre sur les rangs ; 2o que l’on a déjà songé à l’Institut a la future élection, puisqu’il m’énumérait avec un ton très significatif tous les différents partis que l’on avait déjà songé à prendre, et qui se réduisaient à ces trois-ci, appeler un Allemand, ou un juif, ou un ecclésiastique, contre lesquels il me déduisait au long des