Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/65

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merce, trouves-tu prudent que j’y prenne part ? Mademoiselle Ulliac me témoigne le désir de me racheter plus tard une partie de cette action ; mais ceci ne m’engage à rien… Dans cette année les abonnés du journal ont presque doublé ; le tout est de savoir si cela se soutiondra. — Communique-moi là-dessus, mon ami, ta pensée tout entière.

Oui, cher Ernest, il me faudra très prochainement reprendre la route de Pologne. Rien n’est encore décidé pour l’époque de ce retour, mais désormais ce ne saurait être chose éloignée. Un grand événement nous y ramène : l’aînée des jeunes comtesses se marie, et son mariage conclu ici ne sera célébré que lorsque nous aurons rejoint son père. Je pense que bien peu de temps après Pâques il faudra se diriger vers cette triste frontière. — N’importe, cher ami, partout je penserai à ton amitié ; dès lors je trouverai du courage.

J’ai reçu, il y a deux jours, une lettre de notre frère ; il se plaint de ton silence dont il ne devine pas le motif : comme tu le penses, j’ai scrupuleusement gardé ton secret. Tout est arrangé pour le local de maman ; elle habitera le second étage de la maison qu’occupe notre ami. D’après ce qu’il me dit, ses affaires ont été magnifiques dans le courant de l’année dernière. Remets, je te prie, la lettre ci-jointe à mademoiselle Ulliac.

Adieu, bon et très cher ami ! Écris-moi quand cela te sera possible, et crois que par le cœur je