Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/310

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objections du rationalisme qui ne soit venue jusqu’à lui. Il n’y faisait aucune concession ; car la vérité de l’orthodoxie ne fut jamais pour lui l’objet d’un doute. C’était là, de sa part, un acte de volonté triomphante plus qu’un résultat subi. Tout à fait étranger à la philosophie naturelle et à l’esprit scientifique, dont la première condition est de n’avoir aucune foi préalable et de rejeter ce qui n’arrive pas, il resta dans cet équilibre où une conviction moins ardente eût trébuché. Le surnaturel ne lui causait aucune répugnance intellectuelle. Sa balance était très juste ; mais dans un des plateaux il y avait un poids infini, une foi inébranlable. Ce qu’on aurait pu mettre dans l’autre plateau eût paru léger ; toutes les objections du monde ne l’eussent point fait vaciller.

La supériorité de M. Le Hir venait surtout de sa profonde connaissance de l’exégèse et de la théologie allemandes. Ce qu’il trouvait dans cette interprétation de compatible avec l’orthodoxie catholique, il se l’appropriait. En critique, les incompatibilités se produi-