Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/128

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sance assyrienne, ils proclamèrent qu’un règne sans bornes était réservé à Juda, qu’un jour Jérusalem serait la capitale du monde entier et que le genre humain se ferait juif. Jérusalem avec son temple leur apparut comme une ville placée sur le sommet d’une montagne, vers laquelle tous les peuples devaient accourir, comme un oracle d’où la loi universelle devait sortir, comme le centre d’un règne idéal, où le genre humain, pacifié par Israël, retrouverait les joies de l’Éden[1] ».

Des accents inconnus se font déjà entendre pour exalter le martyre et célébrer la puissance de « l’homme de douleur ». À propos de quelqu’un de ces sublimes patients qui, comme Jérémie, teignaient de leur sang les rues de Jérusalem, un inspiré fit un cantique sur les souffrances et le triomphe du « serviteur de Dieu », où toute la force prophétique du génie d’Israël sembla concentrée[2]. « Il s’élevait comme un faible arbuste, comme un rejeton qui monte d’un sol aride ; il n’avait ni grâce ni beauté. Accablé d’opprobres, délaissé des hommes, tous détournaient de lui la face ; couvert d’ignominie, il comptait pour un

  1. Isaïe, ii, 1-4, et surtout les chapitres xl et suiv., lx et suiv. ; Michée, iv, 1 et suiv. Il faut se rappeler que la seconde partie du livre d’Isaïe, à partir du chapitre xl, n’est pas d’Isaïe.
  2. Isaïe, lii, 13 et suiv., et liii entier.