Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui restaient en dehors de toutes ces imaginations particulières, et s’en tenaient à la simplicité du mosaïsme. Aucun pouvoir dogmatique analogue à celui que le christianisme orthodoxe a déféré à l’Église n’existait alors. Ce n’est qu’à partir du iiie siècle, quand le christianisme est tombé entre les mains de races raisonneuses, folles de dialectique et de métaphysique, que commence cette fièvre de définitions qui fait de l’histoire de l’Église l’histoire d’une immense controverse. On disputait aussi chez les Juifs ; des écoles ardentes apportaient à presque toutes les questions qui s’agitaient des solutions opposées ; mais, dans ces luttes, dont le Talmud nous a conservé les principaux traits, il n’y a pas un seul mot de théologie spéculative. Observer et maintenir la Loi, parce que la Loi est juste, et que, bien observée, elle donne le bonheur, voilà tout le judaïsme. Nul credo, nul symbole théorique. Un disciple de la philosophie arabe la plus hardie, Moïse Maimonide, a pu devenir l’oracle de la synagogue, parce qu’il a été un canoniste très-exercé.

Les règnes des derniers Asmonéens et celui d’Hérode virent l’exaltation grandir encore. Ils furent remplis par une série non interrompue de mouvements religieux. À mesure que le pouvoir se sécularisait et passait en des mains incrédules, le peuple juif vivait