Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/143

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ce propos. Il est ainsi plus d’une grande vocation dans l’histoire dont un nom donné sans arrière-pensée à un enfant a été l’occasion. Les natures ardentes ne se résignent jamais à voir un hasard dans ce qui les concerne. Tout pour elles a été réglé par Dieu, et elles voient un signe de la volonté supérieure dans les circonstances les plus insignifiantes.

La population de Galilée était fort mêlée, comme le nom même du pays[1] l’indiquait. Cette province comptait parmi ses habitants, au temps de Jésus, beaucoup de non-Juifs (Phéniciens, Syriens, Arabes et même Grecs[2]). Les conversions au judaïsme n’étaient point rares dans ces sortes de pays mixtes. Il est donc impossible de soulever ici aucune question de race et de rechercher quel sang coulait dans les veines de celui qui a le plus contribué à effacer dans l’humanité les distinctions de sang.

Il sortit des rangs du peuple[3]. Son père Joseph et sa mère Marie étaient des gens de médiocre condition, des artisans vivant de leur travail[4], dans cet

  1. Gelil haggoyim, « cercle des gentils ».
  2. Strabon, XVI, ii, 35 ; Jos., Vita, 12.
  3. On expliquera plus tard (ch. xv) l’origine des généalogies destinées à le rattacher à la race de David. Les ebionim supprimaient avec raison ces généalogies (Épiph., Adv hær., xxx, 14).
  4. Matth., xiii, 55 ; Marc, vi, 3 ; Jean, vi, 42.