Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/222

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devaient être des solitaires, ayant leurs règles et leurs instituts propres, comme des fondateurs d’ordres religieux. Les maîtres des jeunes gens étaient aussi parfois des espèces d’anachorètes[1], assez ressemblants aux gourous[2] du brahmanisme. De fait, n’y avait-il point en cela une influence éloignée des mounis de l’Inde ? Quelques-uns de ces moines bouddhistes vagabonds, qui couraient le monde, comme plus tard les premiers franciscains, prêchant de leur extérieur édifiant et convertissant des gens qui ne savaient pas leur langue, n’avaient-ils point tourné leurs pas du côté de la Judée, de même que certainement ils l’avaient fait du côté de la Syrie et de Babylone[3] ? C’est ce que l’on ignore. Babylone était devenue depuis quelque temps un vrai foyer de bouddhisme ; Boudasp (Bodhisattva) était réputé un sage chaldéen et le fondateur du sabisme. Le sabisme lui-même, qu’était-il ? Ce que son étymologie indique[4] : le baptisme, c’est-à-dire la religion des baptêmes multipliés, la souche de la secte encore existante qu’on appelle « chrétiens de saint Jean » ou mendaïtes, et

  1. Josèphe, Vita, 2.
  2. Précepteurs spirituels.
  3. J’ai développé ce point ailleurs (Hist. genér. des langues sémitiques, III, iv, 1 ; Journ. Asiat., février-mars 1856).
  4. Le verbe, araméen seba, origine du nom des sabiens, est synonyme de βαπτίζω.