Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/259

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le frère, la sœur, le beau-frère. Il est remarquable, du reste, que sa famille lui fit une assez vive opposition, et refusa nettement de croire à sa mission divine[1]. Un moment, sa mère et ses frères soutiennent qu’il a perdu le sens, et, le traitant comme un rêveur exalté, prétendent l’arrêter de force[2]. Les Nazaréens, bien plus violents, voulurent, dit-on, le tuer en le précipitant d’un sommet escarpé[3]. Jésus remarqua avec esprit que cette aventure lui était commune avec tous les grands hommes, et il se fit l’application du proverbe « Nul n’est prophète en son pays ».

Cet échec fut loin de le décourager. Il revint à Capharnahum[4], où il trouvait des dispositions beaucoup meilleures, et de là il organisa une série de missions sur les petites villes environnantes. Les populations de ce beau et fertile pays n’étaient guère réunies que le samedi. Ce fut le jour qu’il choisit

  1. Matth., xiii, 57 ; Marc, vi, 4 ; Jean, vii, 3 et suiv.
  2. Marc, iii, 21, 31 et suiv., en observant la liaison des versets 20, 21, 31, même dans le cas où on lit au verset 31 καὶ ἔρχονται, et non avec le texte reçu ἔρχονται οὖν.
  3. Luc, iv, 29. Probablement il s’agit ici du rocher à pic qui est très-près de Nazareth, au-dessus de l’église actuelle des Maronites, et non du prétendu mont de la Précipitation, à une heure de Nazareth. Voir Robinson, II, 335 et suiv.
  4. Matth., iv, 13 ; Luc, iv, 31 ; Jean, ii, 12.