Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/344

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qu’aux chrétiens judaïsants. Les vrais hommes nouveaux eurent en aversion cet antique lieu sacré. Constantin et les premiers empereurs chrétiens y laissèrent subsister les constructions païennes d’Adrien[1]. Ce furent les ennemis du christianisme, comme Julien, qui pensèrent à cet endroit[2]. Quand Omar entra dans Jérusalem, l’emplacement du temple était à dessein pollué en haine des juifs[3]. Ce fut l’islam, c’est-à-dire une sorte de résurrection du judaïsme en ce que le judaïsme avait de plus sémitique, qui lui rendit ses honneurs. Ce lieu a toujours été antichrétien.

L’orgueil des Juifs achevait de mécontenter Jésus, et de lui rendre le séjour de Jérusalem pénible. À mesure que les grandes idées d’Israël mûrissaient, le sacerdoce s’abaissait. L’institution des synagogues avait donné à l’interprète de la Loi, au docteur, une grande supériorité sur le prêtre. Il n’y avait de prêtres qu’à Jérusalem, et là même, réduits à des fonctions toutes rituelles, à peu près comme nos prêtres de paroisse exclus de la prédication, ils étaient primés par l’orateur de la synagogue, le ca-

  1. Itin. a Burdig. Hierus., p. 152 (édit. Schott) ; S. Jérôme, In Is., ii, 8, et in Matth., xxiv, 15.
  2. Ammien Marcellin, XXIII, 1.
  3. Eutychius, Ann., II, 286 et suiv. (Oxford, 1659).