Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

défier ses adversaires[1]. Il violait ouvertement le sabbat, et ne répondait aux reproches qu’on lui en faisait que par de fines railleries. À plus forte raison dédaignait-il une foule d’observances modernes, que la tradition avait ajoutées à la Loi, et qui, par cela même, étaient les plus chères aux dévots. Les ablutions, les distinctions trop subtiles des choses pures et impures le trouvaient sans pitié : « Pouvez-vous aussi, leur disait-il, laver votre âme ? L’homme est souillé, non par ce qu’il mange, mais par ce qui sort de son cœur. » Les pharisiens, propagateurs de ces momeries, étaient le point de mire de tous ses coups. Il les accusait d’enchérir sur la Loi, d’inventer des préceptes impossibles pour créer aux hommes des occasions de péché : « Aveugles, conducteurs d’aveugles, disait-il, prenez garde de tomber dans la fosse. » — « Race de vipères, ajoutait-il en secret, ils ne parlent que du bien, mais au dedans ils sont mauvais ; ils font mentir le proverbe : « La bouche ne verse que le trop-plein du cœur[2]. »

Il ne connaissait pas assez les gentils pour songer à établir sur leur conversion quelque chose de solide.

  1. Matth., xii, 1-14 ; Marc, ii, 23-28 ; Luc, vi, 1-5 ; xiii, 14 et suiv. ; xiv, 1 et suiv.
  2. Matth., xii, 34 ; xv, 1 et suiv., 12 et suiv. ; xxiii entier ; Marc, vii, 1 et suiv., 15 et suiv. ; Luc, vi, 45 ; xi, 39 et suiv.